Tiens, quelque chose vient d’évoluer dans ma pratique.
Je constate que depuis deux films (une fiction et un documentaire), j’ai plaisir à regarder des rushes chez moi. C’est très nouveau. Je ne l’avais jamais fait auparavant.
Je me demande comment cela m’est venu et pourquoi j’aime bien le faire ?
C’est souvent le week-end que ça me prend. Est-ce l’envie de ne pas couper pendant deux jours ? Je ne crois pas, je ne suis pas une fanatique du travail 24/24. Est-ce l’envie de regarder autrement ? On s’en rapproche…
Chez moi, le rush est dans un autre paysage. Le mien. Il est hors du temps du travail. Hors de la machine. Il est là, il se déroule mais moi je peux bouger. Oui c’est ça, je bouge plus facilement (physiquement je veux dire), et le mouvement me donne un autre ancrage du rush en moi.
Je suis aussi beaucoup plus détendue. Je regarde à un moment que je choisi, pendant lequel je suis entièrement disponible.
Je note des impressions, des grandes lignes, des idées, des questionnements. Je suis dans une sensation globale, une pré-élaboration avant d’attaquer le rush pris dans les filets du logiciel.
C’est comme si c’était à la fois plus intime et plus distancié qu’en salle de montage.
Mais je ne ferai pas que ça. J’ai besoin de la salle de montage. J’ai besoin de voir des rushes avec ma réalisatrice pour échanger, parler, commencer à construire.
Ça reste occasionnel. Ça m’apporte une relation plus intime avec les personnages, peut-être comme si eux aussi pouvait connaître quelque chose de moi ?!
Je remarque que ce sont des souvenirs forts. Et le lendemain quand je reprend ces rushes en salle de montage, j’en ai déjà une pré-connaissance, très nébuleuse mais qui me guide.
Comme un « déjà-vu ». (Avec l’accent américain !)