La promesse du film

La promesse du film

C’est quoi un film qui tient sa promesse ?

Depuis quand le pitch est une promesse sacrée, qui fait office de dictât à toutes les étages ?

À quel moment a-t-on promis ? Et à quel moment, donc, a-t-on trahi ?

La promesse du film, j’en entend de plus en plus souvent parler.

C’est principalement une parole de diffuseur. Elle mesure l’écart entre le projet qui a été exposé à l’oral et celui que l’on retrouve dans la première version de montage.

« La promesse est là ». Sous entendu c’est bien, c’est conforme à la photo de contractuelle, merci.

VS

« La promesse du film n’est pas là ». Sous entendu, c’est pas ce qu’on attendait, va falloir recommencer et retravailler.

Pour moi la promesse c’est celle qu’on fait au film, au spectateur, à nous-même. Elle n’est pas forcément figée, cela peut vouloir dire : accompagner un mouvement. Trouver un chemin un peu différent. Réfléchir, inventer, se perdre un peu en route. Ou simplement ne pas y arriver faute de moyen.

En tout cas, si j’ai souvent rien promis, je sais que réussir à présenter une promesse réussie au diffuseur est de plus en plus un gage de paix et d’harmonie.

Comprends qui veut.

;)-

Lucky Luke

Éloge de l’assistant monteur

Préambule : je n’ai jamais été assistante et j’ai très longtemps travaillé sans assistant. J’ai donc navigué en eaux troubles assez longtemps, portant souvent la culpabilité d’avoir sauté une étape et / ou, de ne pas avoir eu les bons réflexes, de ne pas avoir fait les bonnes demandes auprès de productions pour travailler « accompagnée ».

Maintenant débarrassée de ma culpabilité, maintenant aussi que je me suis formée à toutes ces questions de méthodologie de travail au travers de mon engagement aux monteurs associés, enfin, maintenant que j’ai expérimenté et établi mon propre lien avec mon assistant monteur comme il me semble juste et justifié, j’ai envie d’ancrer ici mon éloge de l’assistant.

1- L’assistant monteur est en charge de toute la dimension technique du film, de sa préparation à sa sortie de la salle de montage, sous la supervision du monteur.

2- L’assistant monteur est un collaborateur de méthodologie (c’est avec lui que l’on met en place une méthodologie de travail efficace et pertinente, fonction du projet, et son diagnostique, tout comme les échanges que l’on a, sont un point d’ancrage et de fabrication d’un mode de travail à chaque fois renouvelée).

3- Tout le temps dont il dégage le monteur compte double : 1- le monteur gagne le temps qu’il lui aurait fallu pour effectuer la tâche. 2- le monteur gagne l’énergie qu’il n’a pas dépensé dans la tâche.

4- Il est également un facilitateur. Car il devance, il prépare, il est là avant même qu’on n’est eu à se soucier du soucis, il agit comme un double de nous même. Il est le lucky luke qui tire plus vite que l’ombre du monteur.

5- Sans assistant, le monteur devient en charge de ces opérations techniques qui prenne du temps et surtout un part assez importante de son cerveau. Et si ces opérations techniques peuvent en apparence le rapprocher de sa matière, elle l’éloigne de l’art du montage et de sa capacité à se poser en contre point du réalisateur et des images. Dans le pire des cas, elle le coupe purement et simplement du cœur de son métier : réfléchir, analyser, ressentir : monter.

6- enfin, et chose trop rare et si précieuse, l’assistant permet de former une équipe. Le monteur n’est plus seul. À deux c’est le début d’une équipe. La solidarité renforce, l’énergie se communique et se déploie, les échanges permettent l’élaboration.

7- Pour toutes ces raisons, à l’heure où tout est urgence et productivité même dans nos métiers, il est clair que le rôle de l’assistant monteur est une nécessité. Plus que jamais sur les films (documentaires ou fictions) qui nécessitent une grosse préparation, ou pire encore – comme je viens de l’expérimenter – sur les films (documentaires ou fictions) qui nécessitent des opérations d’import et d’export lourdes en cours de montage.

Enfin et surtout, travailler avec un assistant permet au monteur de rentrer dans un autre type de relation avec le réalisateur : il est ce qu’il doit être, non pas un responsable technique d’une bonne gestion de projet, mais un penseur, un frabriqueur, un opposant aussi parfois. Tout ce temps qui n’est plus dédié à la technique devient du temps dédié à la création : échange avec le compositeur, avec le monteur son, avec le documentaliste, avec le producteur.