Partenaire indissociable de l’intuition : le doute. Le dangereux et magnifique doute.
Douter dans la salle de montage c’est ce qui permet de laisser une chance à une idée, à un cheminement, de créer quelque chose qui dépasse nos prés-sentiments, nos pré-jugements, nos pré-pensées.
« Je sens quelque chose de fort, de très fort, mais je n’y met jamais ma tête à couper. »
« Je ne crois pas à cette idée, pas du tout, mais idem, je m’ouvre au doute. »
Dans le meilleur des cas, les doutes, le miens, ceux de la réalisatrice ou du réalisateur, nous emmènent loin. Dans le pire des cas ils nous plongent temporairement dans l’incertitude la plus totale et parfois, pour quelques heures, dans l’inaction.
La recherche de l’équilibre à deux entre les intuitions et les certitudes (qui n’en sont jamais vraiment et qui sont toujours remise en questions) mènent aux arguments. Cela permet de défaire les résistances et les préjugés qui existent de part et d’autre.
La confrontation d’opinions, de points de vue, de sensations, donne de la nouvelle matière : les mots. Ils permettent l’expérimentation par l’imaginaire. La création virtuelle par le dialogue.
Pendant plusieurs jours parfois le travail se fait uniquement dans les échanges. Car dans les mots de l’autre on va puiser les réponses aux questions du film, les clés qui manquent, les hypothèses non explorées.
On chemine autrement, dans l’analyse et le partage, grâce au verbe, avant de retourner à la fabrication « matérielle ».