L’esthétique de la maladresse

Au cinéma, comme dans la vie, la maladresse c’est touchant (ou énervant !). Dans tous les cas, ça génère des émotions. Et c’est aussi quelque chose qui se défend au montage.

« Si c’est beau, même si c’est fragile, et oui on va le monter ».
(Hélène : ton petit gars sous la pluie).

EXTRAIT du livre : L’ESTHÉTIQUE DE LA MALADRESSE AU CINÉMA de Sarah Leperchey.

« C’est un goût personnel qui m’avait donné envie, au départ, de travailler sur des films boiteux, un peu raides ou brouillons, gauches, inachevés. J’ai découvert une vaste constellation d’oeuvres reliées par des similitudes transhistoriques, à partir desquelles j’ai cherché à définir et caractériser ce que j’appelais une esthétique de la maladresse. Au cours de cette recherche, je me suis aperçue que mes réflexions permettaient d’éclairer l’un des enjeux du cinéma contemporain – ou comment lutter contre l’ « effet-télévision ». En montrant que ça échappe, la maladresse recrée un écart, dénonce le règne du tout-visible ; en désignant l’image comme captation, comme prise de vue, la maladresse réaffirme le lien entre le cinéma et le monde, et nous redonne accès à l’univers sensible qui nous entoure. »