Ma version du film fait 56 minutes. Je dois / nous devons, « descendre » / « tomber » / « couper » pour arriver à 52 minutes.
C’est l’heure des (mauvais) choix.
Faut-il faire, à un moment, les mauvais choix pour s’assurer qu’au contraire nous faisons les bons ? Faut-il s’avancer un peu sur la piste contraire, pour se rendre compte que le chemin que nous avons choisi jusqu’alors était bien le bon ?
Une sorte de preuve par l’expérience.
Après avoir « ratiboisé » la plupart de mes séquences préférées, pour faire plus « efficace »… après avoir coupé dans les plus jolis moments, parce que ce qui est beau ou émouvant demande du temps et donc qu’on peut y voir des longueurs à couper… nous constatons que le film manque cruellement d’air et que les coupes génèrent des frustrations.
Les coupes franches sont mieux passées que les réductions et les essorages de séquence.
Je m’empresse de redonner de l’air partout et je vois le film reprendre des couleurs.
J’aime toujours beaucoup ce moment où ce qu’on enlève fait l’épreuve de la raison et du manque. Il y a ce qui manque et ce qui ne manque pas. Une manière d’éprouver la véracité des choix.
Cette « technique » offre aussi la possibilité de « casser » des choix posés depuis (trop) longtemps et d’envisager de nouvelles constructions plus proche de la structure actuelle et définitive du film.
C’est aussi le moment où ce qu’on « jette » part définitivement dans l’oubli et ce qu’on ne repêche pas aussi. On pèse et sous pèse, mais toujours pour le mieux, le film grandi !