Voilà deux ans (seulement !) que je m’intéresse à l’édition et que je « monte » des livres.
Je me suis formée, j’ai monté une petite maison d’édition et j’ai co-édité (nous sommes deux) quatre livres.
Je trouve cela étonnant, mais je ne cesse de faire des parallèles entre mon activité d’éditrice et de monteuse. Alors j’ai trouvé cette formule et souvent je dis : « je monte des livres ».
Est-ce que dans le deux cas je n’accompagne pas un auteur ? Est-ce que dans les deux cas je ne m’intéresse pas à la cohérence globale d’une œuvre ? Est-ce que dans le deux cas je ne pars d’une matière encore éclatée qui ne demande qu’à trouver sa forme – celle d’un film / celle d’un livre ? Et est-ce que, cerise sur le gâteau pour ma part, dans les deux cas, je ne questionne pas le rythme (de lecture, du film) et le rapport textes / images / mise en forme au service du sens ?
Alors je monte… aussi des livres. Et cet espace de co-création (auteur-éditeur) me remplie de joie et me donne le sentiment d’une grande liberté (formelle et éditoriale) qui de plus en plus, je le confesse, me manque dans les films que je rencontre professionnellement. Peut être parce que le livre ne souffre pas (encore) des diktas commerciaux de la diffusion ? bien qu’il souffre par ailleurs d’une offre sur-abondante et d’un système économique quasi intenable. Un autre sujet.
Alors voilà que ce matin je tombe sur cette citation de Franco Maria Ricci, éditeur qui dit : « Tout partait d’une surprise, d’un ravissement : la rencontre avec un corpus d’images – une iconographie peu connue, suffisamment abondante pour occuper l’espace d’un livre et assez homogène pour en assurer la cohérence. »
Non sans rappeler le montage.
Et un peu plus loin : « il existait la tradition des livres illustrés et celle des livres d’art, enrichis d’un ou plusieurs textes à caractères historique ou critique ; dans les premiers l’image étant assujettie au texte, dans les seconds le texte l’était à l’image. Je ne voulais faire ni l’un ni l’autre, mais créer des lieux (disons des eco-systemes) où deux catégories littéraires – les images et le texte littéraire – se sentiraient à leur aise, respireraient, essaieraient en quelque sorte de se séduire à tour de rôle. Et cette séduction réciproque devait avoir comme complices les ors et les soies des reliures, le beau papier, la typographie élégante, les textes avec lesquelles je présentais le nouvel ouvrage au lecteur, les coquetteries du colophon… »
Citation qui confirme en tout point mon desir et ma ligne éditoriale.
Pour les curieux : http://www.adespote.com
Ci après : montage au sol du livre l’or de la fougue de Pierre di Sciullo. Assemblage, rythme, raccords, liens, échos, narration…