Aller et venir dans un film est nécessaire. Il faut savoir prendre les vagues, surfer, mais aussi attendre sur la plage. Son tour.
Un film que l’on monte n’est pas seulement un film dans lequel on s’implique. On le pense. On s’immerge. On baigne dedans. Il nous enveloppe.
Mais ce n’est pas complément notre objet non plus. Et parfois il faut accepter de ne plus rien décider. Ou de se mettre complètement de côté.
Il y a des moments dans le montage où les positions de chacun – réalisateur et monteur – bougent. Le danger serait de ne pas entendre ces moments où il faut – à nouveau – laisser la place. Beaucoup de place. Pour mieux revenir aussi. Et revenir dans la bonne direction. Celle de l’Auteur(e).
C’est le jeu de la bonne distance. Il faut tour à tour s’approcher très près, faire, défaire, parler, être très actif… Et parfois se taire, écouter, déplacer doucement, à la demande, de manière beaucoup plus passive et dans l’ouverture la plus grande à l’autre et à son désir. A ses doutes. Ses égarements. Son rythme.
Et ça peut venir à tout moment. Même quand on ne s’y attends pas. Même en milieu ou en fin de montage.
C’est comme si, à certains moment, on avait suffisamment nourrit le film de notre subjectivité pour qu’il s’échappe (enfin) et redevienne à l’autre. Entièrement à l’autre.
Alors on lâche, non sans émotion. Ouvert à l’inattendu et au deuil de nos projections désormais moins utiles. Pour y revenir. Dans cette permanence de l’échange.
Un va et vient complexe auquel on se doit d’être vigilant.