Traité de la délicatesse

Aujourd’hui se pose la question du personnage, dans un film documentaire, aux propos que je ne partage pas, voir même aux propos très antipathiques. Pourtant cet homme a droit à la parole, de surcroît dans ce film.

La question est donc, comment on gère cela ? Jusqu’où on va ? Le public fera-t-il la part des choses ? Qu’est-ce qu’on peut dire et ne pas dire ? Où se trouve la frontière pour qu’il reste « entendable » dans sa subjectivité, sans paraitre odieux, vulgaire, ou pire, idiot ou méchant.

Je veille à lui conférer par le montage une certaine sympathie, car j’en ai pour lui, sinon il ferait partie des recalés du montage, des abandonnés aux rushes, comme ce groupe de jeunes dont il n’y a rien à sauver dans leurs propos et surtout leurs attitudes non sincères.

Je dose donc ses sourires, sa maladresse, avec sa vulgarité. Il reste touchant je crois, justement parce que dans une forme de sincérité et de franchise non dissimulée face à la caméra.

Nous parions sur la réceptivité des spectateurs et ne prétendons pas détenir la vérité, mais bel et bien dresser un état des lieux de notre sujet principal : la sexualité.

Délicatesse néanmoins, et dosage à la virgule près pour garantir à mes personnages une sympathie et une empathie du public ; et surtout les prémunir de toutes moqueries auxquelles je déteste assister lorsque je vais au cinéma et que je vois un montage à charge.

Le monde est complexe, ma vision du montage tente de le refléter dans toutes ses dimensions.