Quelques extraits de l’entretien avec Laetitia Massson au sujet de son film G.H.B :
Film « live »
« C’est un film qui s’est fait un peu comme un « live » en musique. Il y avait un scénario écrit, pour lequel je n’ai pas eu les financements nécessaires, et comme c’était un film vital à faire pour moi à ce moment-là de ma vie, je l’ai fait évoluer en fonction des circonstances économiques auxquelles j’étais confrontée ; c’est-à-dire avec un budget extrêmement réduit.
Je me suis alors posé la question de l’essence même du film, et j’ai essayé de ne renoncer à rien, en faisant de la pauvreté une richesse. Et la plus grande richesse, pour moi au cinéma, c’est la liberté. C’est ça que j’appelle un film « live »: un film qui s’adapte aux changements, aux lieux, aux acteurs, aux idées qui jaillissent, à la réalité que l’on croise. »
Silence
« Le silence est une respiration, un temps suspendu, donc il est complètement dépendant de l’image et aussi de mon rythme intérieur personnel… Je sais que j’aime par-dessus tout en musique ce que l’on appelle la « syncope », quelque chose un peu à contretemps, légèrement suspendu, que l’on retient puis que l’on donne…
Mais ce que l’on appelle « silence » au cinéma n’existe pas, ou presque. Il y a toujours une ambiance sous l’image que l’on ajoute (du vent, de l’air). Ce sont donc toujours des silences très construits, et plus ou moins chargés de sens. »
Ecriture
« Quand j’écris, je vois. Le scénario n’est rien pour moi, juste une indication, une structure, mais le film commence à vivre et à prendre corps dès que je construis les images… Ma façon de travailler est à la fois picturale et musicale. »
Musique
« La musique est pour moi l’expression la plus immédiate, la plus pure des émotions que l’on ne peut pas définir avec des mots ou des images. On sent, et c’est tout. C’est comme un chant de l’âme. Le musicien dont le travail est le plus proche de mon âme est Jean louis Murat [présent dans « The End, etc.« , NDLR]. Quand il chante, je m’entends.
Mais pour certains films, ce n’est pas le chant de mon âme dont j’ai besoin, mais parfois celui de l’âme d’un personnage, ou le chant de l’âme d’une époque. C’est le cas pour ce long-métrage. Je voulais entendre le chant de l’époque, ce que la musique de Mirwais évoque tout à fait pour moi. »
Laetitia Masson