De la structure

J’ai commencé à travailler sur le court-métrage d’Hélène Joly début février, un premier post y a été consacré ici : de la sur-impression.

Ca y est. La structure du court-métrage d’Hélène est là. Nous venons de faire un premier visionnage avec Damien Faure son chef opérateur. Damien a dit : « c’est bien ! vous avez osé »

Oui nous avons osé : les ruptures, les coupes dans le texte, la création de nouvelles séquences inspirées par les images… Nous avons osé nous affranchir d’une narration exhaustive nuisible à l’émotion.

En salle de montage, je considère toujours que le film doit se faire à partir des rushes. Exit les idées préconçues, les grands discours, il y a que la matière qui compte. C’est elle qui nous guide. C’est comme ça qu’il y a des évidences qui s’imposent. Un peu comme si le film avait un inconscient qu’on pouvait mettre a jour.

Par exemple, Hélène a écrit une magnifique voix off. Longue et intime, cette voix ne devait se placer qu’en début de film. Mais Hélène a aussi tourné une séquence pour le milieu du film, très esthétique, basée sur des reflets imbriqués d’immeubles modernes, froids, en monochrome gris. J’ai tout de suite vu – ou plutot senti – qu’une partie du texte off du début serait pour cette séquence image. Concordance de sens. Il a suffit que je soulève l’idée pour que tout s’y engouffre : nous, le son, les images. Ça a marché en deux secondes.

v1 03 mars 2013

A contrario il y a encore des séquences qui nous résistent. Une séquence a déjà fait l’épreuve de trois versions radicalement différentes. Une dans le respect du plan séquence. Une où nous avons mixé les trois versions du plan séquence en couvrant les coupes. Et une version en jump cut, parce que je donne toujours sa chance à tout, même à ce en quoi je ne crois à priori pas. Nous ne sommes pas encore satisfaites. Il faudra encore chercher et trouver une autre solution.

Mais Damien nous a aussi dit : « maintenant il faut oser plus ». Il a raison. Il faut oser encore plus. La séquence d’ouverture peut encore être épurée. Il faut lui donner complément sa valeur d’évocation en retirant un plan, trop réaliste.

Dans la séquence 2 , le texte de la voix off a finalement fait l’objet de quelques coupes. Cette séquence de déambulation a été longue à construire. La matière première était composé d’un long texte et des nombreux plans de déambulation. Le grand risque quand on a beaucoup de plans qui racontent la même chose c’est de vouloir tous les caser. Il y a des moments où il faut savoir ne pas trop découper au montage. Multiplier les angles, les points de vue, nous désoriente et nous éloigne de ce sentiment de fluidité que nous cherchons. Nous avons beaucoup tâtonné. J’ai proposé des versions où j’ai volontairement trop coupé. Pour aller à l’essence. Parce que ça permet aussi de voir – en négatif – ce qui manque. Et de le repêcher. Hélène savait précisément ce qu’elle voulait faire revenir dans le film et pourquoi.

Reste encore une chose qui me soucie. Nous avons utilisé des ralentis. Nous pensons que l’effet est nécessaire. Qu’il apporte quelque chose de plus. Mais nous n’avons pas encore trouvé la bonne manière de les amener.

Cette première étape est malgré tout validée. Et nous sommes prêtes à travailler maintenant la seconde partie du film.

Carnet de montage #2 – fiction, post précédent De la sur-impression

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